Pallade Veneta - En Chine, une "ville des seniors" face au défi du vieillissement

En Chine, une "ville des seniors" face au défi du vieillissement


En Chine, une "ville des seniors" face au défi du vieillissement
En Chine, une "ville des seniors" face au défi du vieillissement / Photo: Jade Gao - AFP

Dans un gymnase, des retraités gardent la forme en jouant au tennis de table: jadis ville chinoise "modèle" de la politique de l'enfant unique, Rudong compte aujourd'hui l'une des populations les plus âgées du pays.

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Cette bourgade côtière, située au nord de Shanghai, a vu sa population lentement évoluer depuis les années 1980... au point que les plus de 60 ans y représentent désormais 39% - contre 18,7% au niveau national.

Signe de cette révolution démographique: une ancienne école abandonnée est aujourd'hui envahie par les mauvaises herbes, tandis qu'une université locale propose des cours spécifiques aux seniors.

La population chinoise avait commencé à chuter l'an passé pour la première fois en six décennies.

A Rudong, au bout d'une ruelle entourée de bâtiments délabrés, le claquement des balles résonne dans le club local de tennis de table, où les seniors sont nombreux.

"Beaucoup de gens viennent pour se maintenir en forme. C'est mieux que de rester à la maison à jouer aux cartes!", qui est l'occupation habituelle ici, explique Fu Yaping, 56 ans, qui a fondé le club en 2011.

Son fils a quitté Rudong pour aller trouver du travail en ville.

Un phénomène habituel en Chine ces dernières décennies mais qui contribue à vider les campagnes et les petites villes.

"Il a un enfant", explique Fu Yaping à propos de son fils, qui ne compte toutefois pas en avoir un deuxième. "C'est trop un fardeau, de nos jours", explique-t-elle en référence au coût de l'éducation.

- Défis démographiques -

Membre du club, M. Zhu, un sexagénaire retraité de l'opérateur téléphonique China Telecom, souligne les difficultés pour les jeunes Chinois face au marché de l'emploi.

"Ce n'est pas comme notre génération. A l'époque, les emplois étaient attribués" par l'Etat, explique-t-il. "Maintenant, les gens doivent en trouver un par eux-mêmes."

Rudong est un laboratoire des défis démographiques auxquels est confronté le pays. Le problème est particulièrement critique ici, où le vieillissement de la population est couplé à un exode de jeunes.

La population totale est d'environ 880.000 habitants, selon un recensement de 2021 - soit environ 116.000 de moins que lors du précédent.

La Chine a lancé sa politique de limitation des naissances à la fin des années 1970 afin d'enrayer une explosion démographique.

Lancés à partir de 2016, divers assouplissements successifs ont permis à tous les couples d'avoir désormais trois enfants. Mais leurs bénéfices tardent à se faire sentir.

Le taux de fécondité était encore très bas l'an passé en Chine, à seulement 1,2 enfant par femme.

Le vieillissement de la population pèse sur les jeunes Chinois, car ils sont souvent enfants uniques et donc contraints de s'occuper des membres âgés de leur famille sans l'aide de frères ou soeurs.

- "Moins stressés" -

L'augmentation du nombre de personnes âgées met aussi la pression sur le système d'assurance maladie et de retraites.

En Chine, il est fréquent que les seniors, notamment ceux en mauvaise forme, emménagent chez leurs enfants.

Des habitants de Rudong expliquent ainsi à l'AFP vouloir absolument se maintenir en forme afin d'éviter ce scénario.

"Du moment qu'on est en bonne santé, nos enfants sont moins stressés", explique Wang Jianhua, 67 ans, en train de jouer au croquet. "Donc si on participe à ces activités, c'est pour nous, mais c'est aussi pour eux."

Sur son vélo en train de discuter avec un camarade de classe, Mme Ping, 74 ans, sort d'une université locale où elle vient étancher sa soif d'apprendre.

"A cause de la Révolution culturelle, on n'est pas allés à l'école à l'époque", explique-t-elle au sujet de la période de troubles politiques entre 1966 et 1976, où de nombreux jeunes ont été envoyés à la campagne pour apprendre le mode de vie paysan.

Elle prend désormais des cours de littérature et d'opéra chinois.

"On s'amuse et en même temps, on apprend des choses", explique Mme Ping. "On mène encore une vie pleine."

A.Fallone--PV