Coupe d'Europe: Toulouse-Cardiff annulé, le rugby français crie à l'injustice
Le rugby français crie à l'injustice après l'annulation vendredi par l'organisateur de la Coupe d'Europe du match Toulouse-Cardiff, que le tenant du titre, déclaré perdant sur tapis vert, s'estimait en mesure de jouer malgré un nombre significatif de contaminations au Covid-19 dans ses rangs.
Avant le début de la 4e et dernière journée de la phase de poules, le quintuple champion d'Europe, donné battu 28-0 sur tapis vert, n'a plus son destin entre les mains. Des succès de ses rivaux de la poule B, notamment de Castres et des Wasps chez les Harlequins et au Munster, deux équipes déjà qualifiées, pourraient les priver des huitièmes de finale.
Furieux, le président du Stade toulousain Didier Lacroix a dénoncé dans une longue prise de parole une décision "complètement inacceptable" qui "remet en cause la crédibilité du mode de fonctionnement de l'EPCR (European professionnal club rugby)", l'instance organisatrice des compétitions européennes.
Il estime son club, quintuple vainqueur du trophée, victime d'"injustice" et d'"irrespect" alors qu'il était selon lui "en capacité de jouer" samedi contre les Gallois. "Ce que je trouve incroyablement scandaleux, c'est que l'EPCR n'applique pas les règles qui ont été éditées", a-t-il accusé.
Les protocoles sanitaires en vigueur dans chaque championnat doivent normalement s'appliquer en coupe d'Europe aux clubs concernés. A savoir, pour la France, disposer de 23 joueurs, dont au moins six de première ligne et 15 professionnels, afin qu'un match puisse se tenir.
Des critères remplis par le club haut-garonnais, selon le XV de départ dévoilé sur ses réseaux sociaux avant même l'horaire imparti afin de mieux montrer sa capacité à disputer la rencontre devant son public.
L'organisateur de la Coupe d'Europe "ne peut se permettre de prendre des décisions arbitraires qui sont à l'opposé de ses propres règlements", a réagi dans un communiqué le président de la Ligue nationale de rugby (LNR) René Bouscatel, solidaire du Stade toulousain, qu'il a longtemps présidé.
- Des suites judiciaires -
L'EPCR a justifié son choix d'annuler le match par "un nombre significatif de résultats positifs" au Covid-19 dans l'effectif toulousain et un "risque de contamination supplémentaire ayant été jugé trop important".
"A qui profite le crime?", s'est interrogé Didier Lacroix, accusant à demi-mots l'instance organisatrice de favoritisme envers les équipes britanniques et irlandaises, un reproche récurrent côté français depuis plusieurs années.
L'affaire devrait être portée devant les tribunaux. "Cette décision est attaquable juridiquement", a affirmé Didier Lacroix. "Non pas pour des raisons sportives, parce que le mal est déjà fait, mais pour des raisons économiques. Et parce qu'il y a un manque de respect total".
Les quatre matches à domicile que Toulouse devait jouer ces dernières semaines -- contre les Wasps, le Stade français, Montpellier et maintenant Cardiff -- ont tous été reportés ou annulés en raison du Covid-19.
Un gros manque à gagner financier pour le club, qui devait disputer les deux premiers à guichets fermés, et un coup dur sportivement puisque les matches de Top 14 reportés ont été reprogrammés pendant le Tournoi des six nations, qui le privera de nombreux internationaux.
L'encadrement toulousain n'a pas souhaité communiquer le nombre de contaminations dans ses rangs, ni l'identité des joueurs touchés, mais plusieurs internationaux, habituellement titulaires, ne figuraient pas dans la composition annoncée pour la réception de Cardiff: Antoine Dupont, Romain Ntamack, Cyril Baille, Peato Mauvaka et Anthony Jelonch.
Un autre club français, Bordeaux-Bègles, a été déclaré perdant 28-0 sur tapis vert après l'annulation vendredi de sa rencontre à Leicester, prévue le lendemain, pour cause de contaminations au Covid-19.
Une décision moins pénalisante pour l'UBB, déjà mathématiquement qualifiée pour les huitièmes de finale de la Coupe d'Europe.
N.Tartaglione--PV