La voie est libre pour un deuxième mandat de Tedros à la tête de l'OMS
Tous les feux sont au vert pour la réélection en mai de l'Ethiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus, seul candidat en lice, à la tête de l'OMS après un vote de procédure mardi à Genève.
"Les mots me manquent. Très reconnaissant pour le soutien renouvelé", a déclaré le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé, après le vote du Conseil exécutif.
"Les deux dernières années ont été très difficiles", a-t-il dit, en remerciant les Etats de leur soutien pendant cette période marquée par la pandémie de Covid-19.
Il doit encore être formellement élu en mai par l'ensemble des Etats membres de l'organisation, une élection sans accroc prévisible puisqu'il est le seul à se présenter.
Lors d'un vote à bulletin secret à huis-clos, les membres du Conseil exécutif de l'OMS - une trentaine de pays, dont la France - ont formellement validé sa candidature, après lui avoir fait passer un grand oral.
Lors de sa présentation, il a appelé les pays à "renforcer le rôle de l'OMS au coeur de l'architecture mondiale de la santé" et leur a demandé de reconnaître "la santé comme un droit humain fondamental".
Le Dr Tedros, en poste depuis 2017, est très apprécié, en particulier des Africains pour avoir permis que le regard de la communauté internationale, notamment sur la pandémie, se tourne davantage vers ce continent.
Et l'Ethiopie, qui réclamait une enquête pour ses commentaires sur la situation humanitaire dans la région en guerre du Tigré dont il est originaire, n'a pas réussi à bloquer le processus de nomination, faute de soutien.
"Certes il s'est exprimé avec force, mais que ce qu'il a dit correspond à des faits que tous les directeurs d'agences humanitaires constatent", a affirmé auprès de l'AFP une source diplomatique occidentale.
L'Ethiopie en revanche a réussi à empêcher que sa candidature soit présentée par l'Afrique. Sa candidature a donc été portée par 28 Etats membres de l'OMS, dont la France et de nombreux autres pays de l'Union européenne, mais aussi un petit nombre de pays africains, dont le Kenya et le Rwanda.
- "Horrifié" -
Âgé de 56 ans, ce spécialiste du paludisme est diplômé en immunologie, docteur en santé communautaire et ancien ministre de la Santé et chef de la diplomatie de l'Ethiopie.
Premier Africain à diriger l'OMS, le docteur Tedros, comme il aime à se faire appeler, est en première ligne depuis le début de la pandémie.
L'arrivée du démocrate Joe Biden à la Maison Blanche, qui a remis les Etats-Unis dans le giron de l'OMS, lui a offert un second souffle, alors qu'il était attaqué sans cesse par l'ex-président américain Donald Trump (2017-2021), qui avait coupé les vivres à l'organisation, accusée d'être trop proche de la Chine et de mal gérer la pandémie.
Le ton plus critique du Dr Tedros envers la Chine, qu'il estime ne pas être assez transparente sur l'origine de la pandémie, lui a valu quelques réprimandes de Pékin qui soutient toutefois sa reconduction.
Un scandale autour de violences sexuelles en République démocratique du Congo perpétrées par des employés de son organisation - parmi d'autres travailleurs humanitaires - lui a valu une volée de bois vert à deux reprises de plusieurs dizaines de pays membres qui jugaient la réaction du Dr Tedros trop molle et trop lente. Mardi, il a répété qu'il avait "été horrifié".
La pandémie a également montré que ses appels restent souvent sans écho, comme quand il réclame aux pays les mieux lotis d'instaurer des moratoires sur les rappels de vaccins.
Après un premier mandat marqué par le Covid, qui a mis à nu les défaillances de l'OMS, le Dr Tedros va devoir remporter le pari du renforcement de l'agence onusienne pour notamment mieux coordonner la réponse aux crises sanitaires mondiales et prévenir de futures épidémies.
"La pandémie a mis en évidence le défi auquel nous sommes confrontés, à savoir que le monde n'était pas prêt", a-t-il souligné pendant son grand oral.
Mais les contours de la réforme restent encore à définir par les pays, dont certains, soucieux de leur souveraineté, n'ont guère envie de donner plus de pouvoir à l'OMS.
"Le succès futur de l'OMS dépendra de votre soutien" aux propositions visant à ce que la part des cotisations des Etats membres représente 50% du budget de l'organisation d'ici 2028-2029, a assuré le Dr Tedros.
Pour l'instant, 16% du budget provient des cotisations obligatoires des Etats, le reste étant des contributions volontaires de donateurs publics et privés qui décident comment l'OMS peut les utiliser.
T.Galgano--PV