Quatre questions sur l'épisode de forte pollution en Chine
Un épais brouillard enveloppe Pékin cette semaine alors que le Nord de la Chine souffre d'un épisode de forte pollution, l'un des pires depuis le début de l'année.
Voici quatre questions autour de ce phénomène qui affecte des dizaines de millions d'habitants.
- Quel est le niveau de gravité? -
Les services météorologiques chinois ont averti qu'un temps "voilé et brumeux" prédominera sur la capitale Pékin, la mégalopole de Tianjin et une partie des provinces du Hebei, du Shandong et du Hubei, soit une zone où vivent au total plus de 100 millions de personnes.
La pollution dans certaines zones touchées est considérée comme "sévère", réduisant parfois la visibilité à moins de 50 mètres.
La société suisse de mesure de la qualité de l'air IQAir classait mercredi Pékin comme la troisième ville la plus polluée au monde, devant Dacca, la capitale du Bangladesh.
A Pékin (22 millions d'habitants), de nombreuses personnes portaient mercredi des masques pour affronter la brume grisâtre dans les rues de la capitale.
- Quelles sont les causes? -
Les autorités locales à Pékin expliquent cet épisode de forte pollution par les "conditions météorologiques défavorables", citant une pression de l'air basse au niveau régional, un air stagnant ou l'humidité élevée.
La pollution dans la capitale chinoise est généralement due, entre autres, à la production d'acier et au chauffage dans les immeubles, selon le Centre de recherche sur l'énergie et l'air propre (CREA), un groupe de recherche indépendant.
La sensibilité de la capitale à la direction du vent signifie également que son air a tendance à être plus pur lorsque des rafales plus fraîches soufflent depuis les prairies au nord plutôt que depuis les zones industrielles denses au sud et à l'est, selon le CREA.
A partir de jeudi soir, "suite à l'arrivée d'air plus froid, le temps brumeux à Pékin (...) devrait progressivement s'affaiblir et se dissiper du nord vers le sud", a assuré mercredi le bureau national de la météorologie sur les réseaux sociaux.
Mais des responsables chinois, cités par le quotidien d'Etat Beijing Daily, ont prévenu que des niveaux de pollution "modérés", bien supérieurs aux recommandations, "graves et élevés" devraient affecter les régions de Pékin, Tianjin et Hebei jusqu'à la mi-novembre.
- Quelles mesures ont été prises? -
Dans la capitale, les autorités ont émis lundi une alerte orange, la deuxième plus forte concernant la pollution. Elle sera en vigueur jusqu'à jeudi à minuit.
Ce niveau d'alerte exige que les entreprises, les constructeurs et les sociétés de transport réduisent de toute urgence leurs émissions de gaz à effet de serre.
Si l'alerte devenait rouge --comme c'est déjà le cas dans une partie du Hebei--, alors les véhicules les plus polluants seraient interdits temporairement de circulation.
Les Pékinois sont d'ores et déjà appelés à "réduire leurs sorties et les exercices physiques intenses dans les prochains jours".
- La situation s'améliore-t-elle? -
Il faut noter que les pics de pollution sont désormais devenus l'exception, et non plus la norme, à Pékin.
Il y a dix ans, la ville dépassait régulièrement des records en termes de pollution, suscitant des inquiétudes en termes de santé publique et lui valant le surnom de "Airpocalypse" par certains observateurs occidentaux.
La qualité moyenne de l'air dans les grandes villes chinoises est aujourd'hui bien meilleure que dans les années 2010.
La Chine avait déclaré officiellement une "guerre contre la pollution" en 2014 et la qualité de l'air s'est depuis sensiblement améliorée dans plusieurs grandes villes, selon de nombreuses études.
A Pékin, des dizaines d'usines de charbon ont été fermées et les industries les plus polluantes ont été éloignées de la capitale.
La qualité de l'air reste toutefois loin des standards de l'OMS et la Chine est toujours le plus gros émetteur au monde de gaz à effet de serre, considérés comme responsables du changement climatique.
E.Magrini--PV