Vin: les enchères de Beaune sous les auspices de Thierry Lhermitte
La vente des vins des Hospices de Beaune, rendez-vous annuel du luxe et de la charité, s'est ouverte dimanche, sous le parrainage de l'acteur culte Thierry Lhermitte, venu pousser les enchères face aux plus grands acheteurs du monde entier.
"La 163e vente est ouverte", a lancé peu avant 15h00 Thierry Lhermitte sous les Halles de la "capitale" des vins de Bourgogne, Beaune (Côte d'Or), face à l'Hôtel-Dieu médiéval aux tuiles vernissées, berceau des Hospices nées en 1443.
Immédiatement, les plaquettes numérotées ont commencé à se lever dans la foule des quelque 800 acheteurs d'Europe, d'Amérique et de plus en plus d'Asie, espérant mettre la main sur un prestigieux Pommard, Corton ou autre Meursault, vendus jusqu'à 35.000 euros le fût.
"10.000, 14.000, 18.000...", les chiffres vertigineux défilent dans la bouche de la commissaire, rappelant la course frénétique aux records connue ces dernières années par la plus ancienne enchère caritative de vins au monde, née en 1859.
De 2018 à 2022, le prix moyen d'une "pièce", comme on appelle un fût en Bourgogne, a plus que doublé, passant de 16.849 à 35.980 euros.
Ce qui est présenté n'est pourtant qu'un vin primeur, qui sort donc tout juste des vendanges. Au prix adjugé, il faut donc ajouter les commissions d'enchères mais aussi le coût de l'élevage en fût, d'un à deux ans, puis de sa mise en bouteilles.
Cela ne freine pas une demande sans cesse en hausse : en 2022, la vente avait engrangé près de 29 millions d'euros, plus du double du record de 2018 (14 millions).
"Le vin de Bourgogne, malgré le prix, est toujours au top, c'est le meilleur du monde !", assure à l'AFP Cikuni Taneyama, un Japonais qui en est à ses 5e enchères à Beaune.
"Mondialement, tout le monde aime le bourgogne", renchérit David Hu, Chinois basé à Paris qui importe pour l'Asie. "Les prix ont beaucoup augmenté. Ca reste toujours intéressant mais il faut penser au prix maintenant", reconnaît-il.
Un nouveau plus-haut semble cette année pourtant difficile car le millésime 2023, s'il est généreux, a fourni moins de fûts qu'en 2022: 753 contre 817.
"La récolte était très généreuse mais nous avons trié de manière très drastique car tous les raisins n'étaient pas propices", a expliqué Ludivine Griveau, régisseur du domaine viticole des Hospices, qui couvre 60 hectares.
Le nombre moins important de lots pourrait cependant pousser encore le prix moyen de la pièce, sous le vif enthousiasme des amateurs, d'autant plus difficile à réfréner qu'il s'agit d'une bonne cause.
"On vient autant pour les vins que pour la charité", assure le Chinois David Hu.
- 2.800 euros la bouteille -
Les recettes engendrées sont en effet destinées à la conservation du patrimoine tel que l'Hôtel-Dieu médiéval de Beaune, mais aussi à la modernisation de l'équipement des quatre hôpitaux et six Ehpad que comptent les Hospices, soit un millier de lits.
L'institut ne reçoit aucune aide de l'État pour ces dépenses, entièrement financées par les vignes confiées en legs et dons à l'établissement depuis sa fondation en 1443.
De plus, et comme chaque année, le plus important des lots est réservé à une cause autre que les Hospices.
Pour cette 163e édition, c'est au "bien-vieillir" que reviendra le bénéfice d'un fût d'exception, tant par le contenu (un Mazis-Chambertin Grand Cru) que par le contenant: la "pièce" a été façonnée dans un chêne de 220 ans ayant servi à la reconstruction de la flèche de Notre-Dame de Paris.
Le produit de cette vente sera versé à deux associations : la Fondation pour la recherche médicale (FRM) et l'Initiative pour la recherche sur la longévité en bonne santé (IRLB).
La vente de ce fût, appelé "pièce de charité" ou "pièce des présidents", représente traditionnellement le moment fort des enchères. L'an dernier, elle avait été adjugée 810.000 euros, soit plus de 2.800 euros la bouteille.
Pour booster cette enchère, elle est animée par Thierry Lhermitte, l'acteur du film fétiche des "Bronzés", ainsi que Michel Cymes, médecin animateur d'émissions de santé du petit écran. Le premier est le parrain de la FRM, le second de l'IRLB.
O.Mucciarone--PV