Equateur: l'ancien vice-président Glas de retour en prison après une brève hospitalisation
L'ancien vice-président équatorien Jorge Glas, hospitalisé après son arrestation dans l'ambassade du Mexique à Quito lors d'un raid de la police équatorienne provoquant une crise politico-diplomatique entre les deux pays, a regagné mardi la prison de haute sécurité de Guayaquil, a annoncé l'administration pénitentiaire (SNAI).
M. Glas, 54 ans, avait été hospitalisé lundi à l'hôpital naval de Guayaquil (sud-ouest) en raison d'"un possible malaise" après avoir refusé de s'alimenter pendant 24 heures alors qu'il était emprisonné suite à sa capture vendredi soir.
L'ancien vice-président "vient d'être admis au Centre de privation de liberté", a indiqué le SNAI sur WhatsApp.
L'ancienne candidate à la présidence, Luisa Gonzalez, a déploré mardi que ni la famille ni les avocats de M. Glas n'avaient pu le voir à l'hôpital.
Ancien vice-président du pays (2013-2018) et proche de l'ex-président Rafael Correa (2007-2017), M. Glas, accusé d'avoir détourné des fonds publics destinés à la reconstruction de villes côtières après un séisme en 2016, s'était réfugié en décembre 2023 dans l'ambassade du Mexique à Quito, avant d'y recevoir l'asile politique.
L'intrusion des policiers dans l'ambassade pour l'arrêter, en violation des conventions internationales sur les enceintes diplomatiques, a provoqué la rupture des relations diplomatiques entre Mexico et Quito et un tollé international.
"On n’a pas respecté le droit d’asile", a réagi mardi depuis Bruxelles Rafael Correa, qui "demande à la communauté internationale de faire toutes les pressions politiques et judiciaires nécessaires, parce que cela ne va pas s’arrêter".
- Positions "ambiguës" -
Le Mexique a annoncé son intention de saisir la Cour internationale de justice (CIJ), alors que le personnel diplomatique mexicain basé à Quito a quitté la capitale. Mexico entend faire valoir devant la plus haute juridiction des Nations unies le caractère inviolable des représentations diplomatiques établi par la Convention de Vienne de 1961.
Mardi, le président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador a déploré les positions "vagues" et "ambiguës" des Etats-Unis et du Canada, "partenaires économiques et commerciaux" au sein du traité de libre échange "T-MEC".
Les Etats-Unis ont condamné "toute violation de la Convention de Vienne" et encouragé le Mexique et l'Equateur "à résoudre leurs différends dans le respect des normes internationales".
M. Lopez Obrador a déploré que ce communiqué "ne condamne pas l'intrusion, l'agression, l'invasion de notre ambassade" et "parle de chercher la réconciliation".
M. Lopez Obrador a ensuite fustigé le Canada qui s'est dit "profondément préoccupé par la violation apparente par l'Équateur de la Convention de Vienne".
Selon lui, le Canada "est allé jusqu'à dire qu'il s'agissait d'une violation présumée du droit international. Ils ont utilisé le mot +apparente+".
- "Risque d'évasion" -
D'après Quito, l'asile politique accordé par le Mexique à Jorge Glas était "illicite".
Lundi, l'Equateur a dit être disposé à "rétablir ses relations" avec le Mexique, à condition que sa "souveraineté" soit "respectée".
Le président Noboa s'est ensuite justifié dans un communiqué d'avoir "pris des décisions exceptionnelles pour protéger la sécurité nationale, l'Etat de droit et la dignité d'un peuple qui rejette toute forme d'impunité pour les criminels" et éviter un "risque imminent d'évasion".
Les dirigeants latino-américains vont débattre vendredi d'une condamnation et d'éventuelles sanctions contre l'Equateur lors d'un sommet virtuel, selon la présidente du Honduras, Xiomara Castro, à la tête de la Communauté des Etats d'Amérique latine et des Caraïbes (Celac).
Se disant de centre gauche, mais soutenu au Parlement par la droite, le président Noboa, confronté à une vague de violence sans précédent liée au crime organisé et au narcotrafic, a présenté le raid sur l'enceinte diplomatique mexicaine comme faisant partie de sa "lutte contre l'impunité".
Jorge Glas avait été condamné en 2017 à huit ans de prison pour avoir participé au système de corruption de l'entreprise de construction brésilienne Odebrecht et libéré en 2022 grâce à un recours en justice. Il est visé par un mandat d'arrêt pour une autre affaire de corruption présumée.
S.Urciuoli--PV