Les hommes en surpoids meurent plus souvent d'un cancer de la prostate
Le risque de mourir d'un cancer de la prostate est plus élevé chez les hommes en surpoids, conclut une vaste étude publiée jeudi, sans pour autant établir un lien physiologique direct entre ces deux phénomènes.
Cette étude, publiée dans la revue BMC Medicine, est d'une ampleur sans précédent sur le sujet. Les chercheurs ont examiné la situation de plus de 200.000 hommes à partir de la base établie par Biobank, une organisation qui compile depuis des années des données sanitaires au Royaume-Uni.
Mais ils ne se sont pas uniquement basés sur ces données et ont aussi pris en compte les principales études déjà existantes sur les liens entre surpoids et cancer de la prostate, couvrant au total quelque 2,5 millions de cas.
Au final, les chercheurs ont établi que le risque de mourir d'un cancer de la prostate, l'un des plus fréquents chez l'homme, était bien lié à un surpoids et ne faisait qu'augmenter plus ce dernier est important.
On se doutait déjà d'un tel lien, mais on ignorait notamment à quel point cette menace concerne tous les hommes dont le poids dépasse la normale.
Certains chercheurs avaient par exemple fait l'hypothèse que c'est essentiellement la graisse abdominale qui favorise l'apparition d'un cancer grave de la prostate: un gros ventre serait plus un facteur de risque qu'un surpoids mieux réparti.
Mais cette étude bat en brèche cette théorie: "quel que soit l'endroit où la graisse se trouve, ça ne change pas grand-chose", a souligné auprès de l'AFP l'épidémiologiste Aurora Perez-Cornago, principale auteure de l'étude.
Il y a toutefois une limite importante à ce travail: il n'est pas en mesure d'expliquer précisément pourquoi les hommes en surpoids meurent plus d'un cancer de la prostate.
Le surpoids contribue-t-il à ce que l'organisme produise des molécules favorisant ce type de cancer ? C'est une hypothèse, que vont creuser les chercheurs, mais ce n'est pas sûr.
Il se pourrait tout autant que le surpoids soit, parfois, le signe d'une moindre attention à sa santé, et que les hommes concernés aillent moins consulter leur médecin face à des symptômes précoces d'un cancer.
"Supposons par exemple qu'ils se mettent à passer plus souvent aux toilettes la nuit, un symptôme classique du cancer de la prostate: ils n'auront peut-être pas le réflexe d'aller voir un médecin", avance Mme Perez-Cornago.
Conséquence possible: des cancers qui ne sont pas détectés à temps et deviennent ainsi plus meurtriers.
R.Lagomarsino--PV