Les soignants du CHU de Bordeaux appelés à la grève illimitée
Les soignants du CHU de Bordeaux, l'un des plus gros de France, sont appelés mardi à une grève illimitée par leurs syndicats qui réclament des embauches et des augmentations de salaires avant un été qui s'annonce "très compliqué".
"C'est la première fois qu'une grève illimitée est organisée l'été. On est au point de non-retour", dit à l'AFP Alain Es Sebbar, secrétaire de la CGT de l'hôpital Pellegrin, l'un des trois établissements du CHU, premier employeur de Nouvelle-Aquitaine avec plus de 14.000 salariés.
Citant en vrac "le point d'indice gelé", les "primes aléatoires", le "manque de recrutement", la "fermeture des services et des lits", "l'externalisation galopante", le "rappel illégal sur repos et congés", les syndicats FO, CGT et Sud Santé demandent des embauches, alors que le manque de bras a déjà poussé la direction à filtrer l'accès aux urgences à partir de 17 heures, depuis la fin mai.
Pour attirer de nouvelles recrues, les syndicats réclament ainsi une hausse des salaires "de 300 euros minimum" pour les personnels soignants, administratifs et techniciens.
Selon Jacques Ollivier, délégué Sud Santé pour le CHU, cet appel s'adresse à tout le personnel soignant, soit quelque 11.000 personnes, "infirmières et aide-soignantes mais aussi 180 autres métiers comme techniciens de laboratoire, secrétaires médicales, manipulateurs radiologistes, kinés, assistantes sociales, blanchisseurs".
"A ce stade, nous comptabilisons 5 préavis sur les 8.222 agents prévus au planning (mardi) matin" mardi, a déclaré lundi soir le service de communication de l’hôpital.
Selon Pascal Gaubert, représentant FO au CHU, "cette grève est plutôt politique et symbolique, pour faire pression sur la direction cet été, pour voir s'ils tiennent leur promesse d'embaucher".
Pour soulager les personnels, la direction a déjà annoncé la semaine dernière que 600 lits seraient fermés cet été. "Il faut pouvoir donner des congés, trois semaines, entre juin et septembre car on veut protéger les équipes, les professionnels qui aiment leur travail, pour ne pas qu'ils fuient l'hôpital", expliquait Stéphanie Fazi-Leblanc, directrice générale adjointe du CHU.
Mais pour Alain Es Sebbar, "ce n'est pas nouveau, [les 600 lits] sont déjà fermés".
"Sinon, c'est le crash" -
"L'été va être très compliqué", dit Jacques Ollivier, alors que la région, très touristique, connaît chaque été un afflux important de vacanciers.
Il faut absolument embaucher "sinon c'est le crash", explique Pascal Gaubert, de FO. "Il nous manque 200 postes vacants sur le CHU, surtout chez les infirmières et les aides soignants, et nous avons un absentéisme de 12% en moyenne, avec aujourd'hui près de 250 personnes en arrêt. Cela fait (au total) quasiment 500 agents en moins".
"Ceux qui partent ne sont jamais remplacés donc les personnels sont épuisés, c'est une cascade. Et puis il y a eu le Covid: beaucoup sont partis, ont changé de métier ou se sont mis en disponibilité", assure M. Gaubert.
"Tout le monde est touché, pas seulement les soignants. Rien que sur les préparateurs en pharmacie, cinq partent cet été", alerte aussi Alain Es Sebbar.
Selon ces élus syndicaux, la direction a promis l'arrivée de 250 agents sortis d'école de la fin août à octobre. "Mais encore faut-il (...) qu'on arrive à les garder et pérenniser sur les postes", tempère M. Gaubert.
Depuis la mi-mai, les urgences adultes de l'hôpital Pellegrin, sous tension par manque de personnel, n'accueillent plus la nuit que les patients ayant au préalable appelé le 15 pour être orienté à distance par un médecin, de manière à éliminer les cas qui peuvent se contenter de la médecine de la ville.
Même en grève, le personnel hospitalier est tenu d'assurer un service minimum.
E.Magrini--PV