Séquestration de Paul Pogba: prison requise à l'encontre du frère et des amis du footballeur
Jusqu'à huit ans de prison ont été requis mercredi à Paris dans la retentissante affaire de séquestration de Paul Pogba, les procureures fustigeant une "dépendance financière" qui "a gangrené" les relations entre le footballeur, son frère et cinq amis d'enfance.
"Comment un frère, des amis peuvent-ils s'unir pour récupérer des sommes extraordinaires auprès d'une des personnes les plus précieuses dans leur vie ?", a demandé l'une des deux procureures, en s'adressant aux six prévenus.
Son frère, Mathias Pogba, tout vêtu de noir, a gardé les yeux clos pendant l'annonce de la peine réclamée: trois ans de prison, dont deux avec sursis ainsi qu'une amende de 10.000 euros.
Prenant acte de l'absence de casier judiciaire et de la volonté du prévenu de trouver un travail, le parquet a demandé que la peine d'un an ferme soit aménagée sous bracelet électronique.
"Pourquoi Mathias se serait greffé à ce projet alors qu'il s'exposait en étant en première ligne ?", s'est indigné Me Mbeko Tabula, conseil de Mathias Pogba, avant de demander la relaxe de son client.
"Oui, il y avait des tensions entre les deux frères, comme ça arrive dans toutes les familles, c'est le propre de l'être humain !", a-t-il poursuivi. "Mais utilisez ces conflits pour parler de tentative d'extorsion, c'est de l'instrumentalisation et ce n'est pas bien !"
- L'ombre de Paul Pogba -
A l'encontre des cinq amis d'enfance du quartier de la Renardière à Roissy-en-Brie (Seine-et-Marne), les procureures ont requis jusqu'à huit ans de prison, des amendes de 20.000 euros et l'interdiction du port d'arme pour dix ans.
Contre Roushdane K., soupçonné d'être le cerveau du groupe et seul à comparaître détenu, le ministère public a requis huit ans d'emprisonnement.
Contre Machikour K., Boubacar C., Mamadou M., cinq ans de prison dont deux avec sursis et un mandat de dépôt à effet différé ont été demandés.
Les représentantes du parquet ont demandé cinq ans de prison dont un an avec sursis à l'encontre d'Adama C., avec mandat de dépôt immédiat.
L'"affaire Pogba" a démarré dans la nuit du 19 au 20 mars 2022 par un guet-apens monté à l'encontre de Paul Pogba dans un appartement de Montévrain (Seine-et-Marne, banlieue parisienne).
Deux hommes cagoulés l'avaient braqué sous la menace d'armes à feu dans le but de soutirer 13 millions d'euros au milieu de terrain, qui évoluait à l'époque des faits à Manchester United puis à la Juventus Turin.
L'affaire avait été révélée au grand jour après la diffusion de vidéos sur les réseaux sociaux en août 2022 de Mathias Pogba dans lesquelles il accusait Paul d'avoir marabouté Kylian Mbappé.
Depuis le début du procès, une ombre plane sur la salle: celle de Paul Pogba, qui n'a pas souhaité se présenter.
Une absence qui a une nouvelle fois été dénoncée au cours des plaidoiries de la défense. "Ses déclarations ont occupé une place centrale évidemment mais aucune de ces déclarations n'a pu être corroborée au cours des débats", a regretté Me Yves Leberquier, avocat de Machikour K.
Les prévenus sont jugés depuis une semaine notamment pour extorsion, tentative d'extorsion, participation à une association de malfaiteurs délictuelle et séquestration.
Mardi, les avocats de Paul Pogba avaient à sa demande sollicité des amendes à l'encontre de tous les prévenus et aucune peine de prison.
Le procès se poursuit jusqu'à jeudi soir avec d'autres plaidoiries d'avocats de la défense.
N.Tartaglione--PV