JO-2022: combiné nordique féminin, cascade de glace ou... cyclo-cross, demain aux Jeux d'hiver?
Si les JO d'hiver sont sortis de leur hibernation dès les années 1990 en intégrant progressivement le snowboard et le ski freestyle, leur programme devrait continuer à évoluer, par plus petites touches, à moins d'un audacieux pari avec le... cyclo-cross.
Le Comité international olympique (CIO) ne pouvait pas passer à côté du snowboard qui a donné un coup de jeune au secteur des sports d'hiver.
Bien avant les JO d'été qui n'ont intégré qu'en juillet dernier à Tokyo le skateboard et le surf, les Jeux d'hiver ont donné leurs chances à ces disciplines novatrices et à leurs sportifs aux pratiques, codes et... vêtements déroutants pour le monde parfois austère du ski.
Ski de bosses dès 1992, slalom géant et half-pipe pour le snowboard à partir de 1998, la vague jeune, nourrie par d'excellentes audiences TV aux Etats-Unis et au Japon, a déferlé sur les JO avec le skicross, le slopestyle ou encore le big air.
A Pékin, sur un total de 109 épreuves, il y en aura onze de snowboard et treize de ski freestyle.
Difficile d'imaginer un nouveau sport se tailler un telle place aussi rapidement, mais il est acquis depuis la 138e session du CIO l'été dernier que le ski alpinisme fera ses débuts olympiques, comme sport additionnel en 2026 à Cortina (Italie).
- Egalité hommes/femmes -
Cette discipline de montagne, consistant à gravir et dévaler des itinéraires hors piste sur des skis légers équipés de peaux de phoque, s'inscrit dans ces sports "nature", en plein essor. Pourrait-il ouvrir la voie à d'autres, comme le freeride ou la cascade de glace, avec piolets et crampons?
"Notre sport a beaucoup évolué pour proposer aujourd'hui des compétitions en +dry-tooling+ (sur des zones sèches, sans glace, type contreplaqué)", rappelle Rob Adie, en charge de la cascade de glace à la Fédération internationale d'escalade et d'alpinisme (UIAA).
"Nous devons de nouveau évoluer pour remettre plus de glace dans notre sport, tout en gardant les difficultés techniques", reconnaît-il, en visant 2030 pour une éventuelle intégration olympique.
Le CIO a un dossier plus urgent à refermer, l'égalité hommes/femmes et en la matière, les JO d'hiver affichent une anachronique lacune avec le combiné nordique, seule discipline exclusivement masculine.
La Fédération internationale de ski (FIS) a longtemps justifié cette anomalie par le manque de pratiquantes, mais les "combinées" ont depuis 2020 leur Coupe du monde et ont rejoint un an plus tard le programme des Championnats du monde.
"Le combiné nordique féminin, c'est bien parti, c'est la seule discipline par encore +gender balanced+. On espère que ça passera", confirme à l'AFP le secrétaire général de la FIS, le Français Michel Vion.
Dès 2026? Rien ne l'empêche. Le programme complet des prochains Jeux d'hiver sera déterminé par la commission exécutive du CIO en juin 2022.
- Cyclo-cross sur neige -
Cette appétence du CIO pour les formats mixtes (quatre des sept nouvelles épreuves à Pékin sont mixtes) pourrait pousser l'IBU, l'instance qui chapeaute le biathlon, à proposer le relais simple mixte, qui oppose en Coupe du monde et aux Mondiaux déjà, des duos homme/femme.
Du côté de la glace, la Fédération internationale de hockey (IIHF) réfléchirait, comme l'a fait le basket, à proposer une version à 3 contre 3, surtout si les JO devaient revenir en Amérique du Nord en 2030.
Reste un serpent de mer qui surgit régulièrement en Belgique et aux Pays-Bas, où ce sport est très populaire: le cyclo-cross, dont le calendrier saisonnier coïncide avec les sports d'hiver.
Le 12 décembre, une manche de Coupe du monde a eu lieu sur un parcours enneigé, dans le Val di Sole (Trentin, nord de l'Italie), pour un résultat conforme à la logique sportive avec la victoire du Belge Wout van Aert.
"Il y a une discussion en cours au CIO concernant l'opportunité d'amener le cyclo-cross aux Jeux olympiques", a reconnu le promoteur belge Tomas Van den Spiegel, organisateur notamment du Tour des Flandres.
Interrogée par l'AFP, l'Union cycliste internationale (UCI) n'a toutefois pas souhaité évoquer le sujet. Son président, le Français David Lappartient, est aux premières loges, puisqu'il va intégrer le CIO.
J.Lubrano--PV