Les autorités américaines mettent la banque SVB aux enchères, veulent éviter la contagion
Les autorités américaines ont mis aux enchères la banque en faillite Silicon Valley Bank (SVB) avec l'objectif de trouver un repreneur avant l'ouverture des marchés asiatiques lundi.
Selon le Washington Post, la limite de dépôt des offres a été fixée à dimanche 19H00 GMT. Sollicitée par l'AFP, l'Agence de garantie des dépôts (FDIC), qui a initié la vente, s'est refusée à tout commentaire.
L'élu démocrate à la Chambre des représentants Josh Harder a confirmé la tenue d'enchères au site d'information Axios, estimant que la limite pourrait être repoussée pour laisser aux possibles acquéreurs le temps d'étudier les comptes de SVB.
"Nous voulons nous assurer que les problèmes qui touchent une banque ne créent pas de contagion à d'autres qui sont solides", avait déclaré dimanche la ministre américaine des Finances Janet Yellen lors d'un entretien avec la chaîne CBS, avant que plusieurs médias américains ne fassent état du processus d'enchères.
"Je suis certaine (que la FDIC) envisage une large palette de solutions, qui inclut une acquisition" par une autre banque, a déclaré la secrétaire au Trésor.
Emanation du gouvernement américain, la FDIC a pris vendredi le contrôle de Silicon Valley Bank, au bord de l'implosion sous l'effet de retraits massifs de ses clients.
La course contre la montre engagée par les autorités américaines rappelle le week-end des 13 et 14 septembre 2008.
Elles avaient alors échoué à trouver un repreneur pour la banque Lehman Brothers, la poussant au dépôt de bilan le lundi, avec des conséquences dramatiques pour le secteur financier et l'économie toute entière.
Si les grandes banques ont jusqu'ici été épargnées, plusieurs établissements américains de taille moyenne ou régionale ont dévissé en Bourse vendredi, fuis par des investisseurs inquiets.
C'est le cas notamment de la Californienne First Republic, qui a lâché près de 30% en deux séances, jeudi et vendredi, ou de Signature Bank, amputée d'un tiers de sa valeur depuis mercredi soir.
Les deux établissements ont, comme SVB, une importante proportion de sociétés dans leur portefeuille de clients, dont les dépôts dépassent souvent le montant maximum assuré par la FDIC, soit 250.000 dollars par déposant, ce qui pourrait les pousser à retirer leurs fonds.
Quelque 96% des dépôts logés chez SVB ne sont pas couverts, selon des données publiées par l'institution.
- Alerte sur la tech -
Outre la stabilité du système bancaire, beaucoup se disent préoccupés par les répercussions de la faillite de SVB sur le secteur technologique, américain mais aussi au-delà.
SVB se targuait d'avoir pour clients "près de la moitié" des entreprises technologiques et des sciences du vivant financées par des investisseurs américains.
En cas d'échec à trouver un repreneur, pour éviter un mouvement de panique chez les clients d'autres banques et envoyer un signal fort, les autorités américaines envisagent de garantir l'ensemble des dépôts de SVB, selon le Washington Post.
Ils se montaient autour de 170 milliards de dollars, selon un document publié mercredi par l'établissement, mais des retraits colossaux sont intervenus depuis.
Quelque 42 milliards de dollars d'ordres de retraits ont été passés sur la seule journée de jeudi, mais tous n'ont pu être honorés.
"Beaucoup de déposants sont des petites entreprises qui ont besoin de pouvoir accéder à leurs fonds pour payer leurs factures et elles emploient des dizaines de milliers de personnes" aux Etats-Unis, a relevé Mme Yellen.
"C'est un problème et nous travaillons avec les régulateurs pour y apporter une solution", a-t-elle poursuivi.
Dimanche, le ministre britannique des Finances Jeremy Hunt a estimé que la chute de SVB posait un "risque sérieux" pour le secteur de la tech de son pays.
Janet Yellen a écarté dimanche un sauvetage de SVB via une injection d'argent public.
"Durant la crise financière (de 2008), des investisseurs de grandes banques systémiques", dont les autorités estiment que la chute présenterait un risque pour l'ensemble du système financier, "ont été secourus" par le gouvernement américain, a-t-elle rappelé. "Nous n'allons pas le refaire."
Les remous de la saga SVB se sont aussi propagés au milieu des cryptomonnaies.
La devise numérique USDC, dite "stable" car théoriquement indexée sur le dollar, a ainsi chuté depuis vendredi après que son créateur, Circle, a annoncé avoir laissé 3,3 milliards de dollars dans les caisses de SVB.
Plusieurs autres "stablecoins", censés protéger les investisseurs en cryptomonnaies contre la volatilité légendaire de cette industrie, ont également décroché, comme le Dai ou l'USDD.
F.Abruzzese--PV